Pourquoi investir dans l’emballage durable en vaut le coût - Sustana Fiber

Pourquoi investir dans l’emballage durable en vaut le coût

Jim Schneider, vice-président des opérations chez Fibres Sustana, explique aux lecteurs de GreenBiz comment favoriser l’économie circulaire et réintroduire de manière efficace des matières en fin de vie utile dans de nouveaux emballages.

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L’augmentation de la proportion de fibres recyclées dans les emballages favorisera la circularité et contribuera à atténuer les effets des changements climatiques. Mais cela exige une collaboration tout au long de la chaîne d’approvisionnement.

Environ un tiers des emballages dans le monde sont faits de carton et la demande pour ce matériau et d’autres fibres de cellulose ne fait qu’augmenter, alors que les organismes de réglementation et les consommateurs, préoccupés par les changements climatiques, réclament une diminution des plastiques à usage unique. En parallèle, la croissance phénoménale du commerce électronique et de l’industrie alimentaire nécessite la production d’emballages supplémentaires, mettant davantage en lumière la nécessité de conceptions respectueuses de l’environnement où les matériaux peuvent être facilement recyclés, réutilisés ou valorisés.

Les marques et les entreprises de produits de consommation emballés répondent à l’appel et prennent des engagements audacieux pour améliorer la longévité de leurs emballages et favoriser l’économie circulaire. Certaines d’entre elles repensent à l’ensemble de leurs processus, de la quantité de contenu recyclé qu’elles intègrent dans leurs produits à la façon dont elles collaborent avec leurs fournisseurs.

Mais dans cette recherche d’innovations durables, il est important que les solutions alternatives au plastique à usage unique ne créent pas davantage de problèmes, ou des défis plus graves que nous travaillons à résoudre. Nous devons adopter une approche stratégique pour essayer de redresser le cap et passer du modèle linéaire « fabriquer-consommer-jeter » à une économie circulaire.

La responsabilité de Sustana est de s’assurer que les matières qui nous sont envoyées à la fin de leur vie utile soient entièrement recyclables afin qu’elles puissent être intégrées à de nouveaux emballages dès maintenant, et que nous puissions continuer à alimenter la chaîne d’approvisionnement.

La bonne nouvelle, c’est que nous pouvons intégrer une quantité importante de contenu recyclé sans compromettre la solidité ou la fonctionnalité du produit. Les marques commencent à comprendre ces possibilités et à exprimer leur intérêt à utiliser un tel contenu et cette tendance continue représente une opportunité pour nous.

Par le passé, près de 100 pour cent des produits de Sustana étaient utilisés pour fabriquer du papier d’impression, d’écriture et de papier tissu. En fonction des changements qu’on constate dans le marché, je m’attends à ce qu’au cours des dix prochaines années, 80 à 90 pour cent de nos fibres recyclées soient transformées en emballages, dont une grande partie sera livrée au secteur des aliments et boissons. Ce marché d’emballages est évalué actuellement à plus de 300 milliards de dollars, et devrait atteindre environ 411 milliards de dollars d’ici 2026.

Nous pouvons également aider les entreprises à recueillir des matières postconsommation et leur fournir un approvisionnement fiable de matières premières pour fabriquer de nouveaux emballages. Mais pour continuer à alimenter la chaîne d’approvisionnement, nous devons être en mesure de collaborer étroitement avec les concepteurs d’emballages au moment où ils approuvent les solutions alternatives sans plastique. Nous pourrons ainsi nous assurer de pouvoir recycler ce qu’ils fabriquent en aval. L’écoconception d’emballages devrait donc devenir la norme. « L’écoconception est une approche concertée impliquant tous les acteurs du design à l’approvisionnement, jusqu’à la mise en marché », explique Geneviève Dionne, directrice, écoconception et économie circulaire chez Éco Entreprises Québec. « Seules des actions émanant d’une responsabilité partagée entre tous ces acteurs peuvent transformer nos pratiques d’affaires et par le fait même, mener à des changements durables de comportement chez les consommateurs. »

Mais pour réussir, il est important de commencer tôt et de revoir les technologies des entreprises aux premières étapes du développement. En collaborant avec les designers à l’étape de conception, nous pouvons faire en sorte que les matières premières que nous recevons correspondent aux matières recyclées que nous livrons. Nous évitons ainsi les pièges potentiels, et nous faisons gagner du temps et de l’argent à tous les joueurs.

Par exemple, beaucoup d’efforts sont déployés pour fabriquer des revêtements de protection qui peuvent être intégrés à des emballages de papier, offrant ainsi une solution alternative au plastique. Les entreprises cherchent actuellement des façons de retenir l’humidité et les huiles dans les emballages, et d’éviter la présence d’oxygène, mais elles devraient aussi se concentrer sur la recyclabilité.

Nous pouvons traiter une bonne quantité des matières qui nous sont envoyées, y compris les revêtements de protection sans plastique que nous avons reçus jusqu’à maintenant; nous sommes en mesure de les séparer des emballages. Ceux-ci sont généralement décomposés dans notre processus de mise en pâte et éliminés au stade initial de flottation. Nous pouvons également retirer le silicone des doublures détachables et séparer la cellulose des emballages multicouches.

Toutefois, même si ces technologies de pointe existent, elles sont coûteuses. De nombreux recycleurs n’ont pas l’équipement nécessaire pour traiter des matières complexes. Et alors que les conceptions évoluent, même ceux d’entre nous qui peuvent transformer une grande partie de ce qui est produit aujourd’hui devront s’assurer qu’ils peuvent recycler les nouveaux produits en cours de développement.

« En misant sur une simplification du concept d’un emballage, en priorisant des approches monomatériau, en réduisant l’encrage, les colles, les adhésifs, en intégrant du contenu recyclé le plus possible. » ajoute Geneviève Dionne. « Ce type d’actions favorise une gestion plus efficace des emballages dans la chaîne de valeur. »

Nous n’avons pas à connaître les formules chimiques des concepteurs. Nous pouvons prélever des échantillons pour repérer ou éviter les problèmes potentiels. Dans certains cas, nous pouvons adapter notre infrastructure actuelle pour traiter les produits alternatifs, si nous savons à l’avance ce que nous recevrons.

Il est tout aussi important d’accorder la priorité à l’utilisation de matières recyclées pour assurer la recyclabilité. Ce ne sont pas tous les développeurs des emballages qui tiennent compte de cet aspect à l’étape de conception. Et pourtant, cela fait partie intégrante de la stratégie pour atteindre la circularité, puisque « recyclabilité » et « contenu recyclé » vont de pair. Si l’emballage est fabriqué pour être recyclable dès le départ, il devient plus facile de réintroduire continuellement des matières en fin de vie utile dans de nouveaux emballages, ce qui maximise en fin de compte la réutilisation et la valorisation.

Les marques mettent aussi l’accent sur la recyclabilité de leurs produits, et plusieurs d’entre elles se fixent des objectifs de développement durable ambitieux. Pour réaliser leurs ambitions, elles devraient miser sur l’achat de contenu recyclé.

Je demanderais aux organisations : Comment vos objectifs de développement durable orientent-ils vos décisions d’approvisionnement? Commencez-vous à exiger du contenu recyclé de vos fournisseurs? Cette exigence à l’égard des fournisseurs est essentielle pour favoriser une véritable économie circulaire.

Il doit y avoir une façon de rentabiliser cette circularité. Cela nécessite une analyse approfondie des coûts et de l’impact probable des décisions que les marques envisagent, et l’harmonisation de ces décisions à leurs objectifs de développement durable. Une analyse du cycle de vie peut orienter ce processus.

Le développement durable a un coût, c’est certain, mais il procure aussi une valeur ajoutée. Par leurs investissements, les entreprises démontrent leur engagement à répondre aux préoccupations environnementales des consommateurs – les parties prenantes qui, en fin de compte, stimulent la demande du marché. Les entreprises, les marques et les fabricants de biens de consommation emballés doivent également garder une longueur d’avance sur la nouvelle réglementation et les nouvelles politiques relatives aux déchets de plastique et d’emballage.

La clé pour atteindre le développement durable, c’est de passer de cette façon de penser linéaire à une façon de penser circulaire. Pour réussir, le mouvement doit s’amorcer en amont, et la stratégie de création d’emballage doit se répercuter sur toute la chaîne d’approvisionnement – ce qui signifie que les marques doivent exiger du contenu recyclé dans leurs emballages, plutôt que de chercher une solution pour ces produits en fin de vie. C’est ainsi que nous pourrons harmoniser la chaîne d’approvisionnement, et que la circularité pourra commencer.

« En tant que producteurs d’emballages, nous avons la responsabilité de répondre aux besoins fonctionnels de l’emballage pour protéger le produit et lui assurer la durée de conservation requise, tout en minimisant notre empreinte environnementale en y intégrant des quantités importantes de fibres recyclées qui sont également recyclables. »

Elizabeth Rhue, vice-présidente, environnement mondial et développement durable chez Sonoco

Cet article a été publié à l’origine en anglais sur le site de GreenBiz.